Soleil Ô

Soleil Ô est un film d'auteur qui oscille entre fiction et documentaire. Son réalisateur, Med Hondo, est beaucoup plus connu pour avoir été la voix française d'Eddy Murphy que pour son engagement panafricain au travers de films militants

Soleil Ô est tourné avec un très petit budget entre 1967 et 1969, sur le temps libre des participants. Lors de sa sortie, il est remarqué pour son sujet, encore très peu voire par exploité dans la fiction cinématographique de l'époque:  la désillusion et la conscientisation d'un immigré noir qui débarque à Lyon, puis Paris, à la recherche d'un emploi et d'un logement en France.

"Invasion noire. Le mot a été lancé sans méchanceté. Mais peut être déjà avec un soupçon d'inquiétude. Il s'adressait surtout à cette coloration nouvelle, qui déambule le long du Boul' Mich', ou qui s'attarde aux terrasses du Boulevard Saint Germain. (…) A partir d'un certain seuil, un phénomène jusque là anodin, cessait pour quelque uns, de devenir indifférent. Invasion noire. Il est des mots qui sont chargés de dynamite."

De multiples scénettes montrent l'oppression raciale dans sa dimension interpersonnelle, psychologique, économique et politique et sur le temps long: micro et macro agressions verbales, mal logement, fétichisation sexuelle, conditionnement par la religion et la culture, complicité des bourgeoisies noires, ambivalence voire cécité des mouvements de gauche quand au sort des personnes issues de l'ex empire colonial exploitées dans des métiers subalternes.

La Bataille d’Alger

L'histoire de "la Bataille d'Alger", qui inspira notamment Stanley Kubrick pour son "Full Metal Jacket", est fascinante. Réalisé par l'italien Gilberto Pontecorvo en 1965, en plein coup d'Etat de Boumédiene, il fut censuré en France, parfois sous les menaces d’attaques physiques de l’extrême droite, presque jusque dans les années 2000. Il fallait en effet étouffer cette mémoire douloureuse, notamment pour les pieds noirs rapatriés.  La récompense que le film reçut à la Mostra de Venise en 1967 fut un quasi incident diplomatique entre la France et l'Italie. Centré sur la répression féroce des paras du général Massu contre le FLN dans la casbah d'Alger en 1957, le long métrage connut un succès international.. Il fut également étudié et "multi -instrumentalisé", autant par les mouvances émancipatrices que par les forces contre-révolutionnaires. Pour en savoir plus sur l'histoire du film, écoutez l'épisode que lui a consacré l'émission Affaires Sensibles.

Legacies, de Nikki Giovanni

Dans ce recueil de poésie, Nikki Giovanni explore notamment les thématiques de la maternité, la vieillesse, la transmission intergénérationelle, la mémoire, l’amour, mais aussi des thématiques à priori plus terre à terre comme… le ménage :)

"Sutures" et "Pistes", de Penda Diouf

Le monologue d’une jeune femme noire, qui entremêle son expérience de l’étrangeté en France avec l’histoire sanglante et méconnue du génocide perpétré par les allemands en Namibie. Par la dramaturge Penda Diouf.

Brothers in exile

“Paris, 28 novembre 1960. Une enquête est ouverte sur les causes du décès de Richard Wright, célèbre auteur afro-américain. Ses deux frères d’exil, James Baldwin et Chester Himes vont fouiller dans les souvenirs de leur trio, entre amitié intense et rivalité féroce.”

Space is the place, de John Coney

Sun Ra est considéré comme l'un des pères fondateurs de l'afro-futurisme aux Etats Unis. Né au début du 20ème siècle dans l'Etat ségrégationniste de l'Alabama, il commence une carrière "classique" de sideman en tant que pianiste, puis décide de monter sa propre formation et de partir sur la voie du free jazz. Le film de science fiction déjanté "Space is the place", dans lequel il tient le rôle principal, est un condensé de sa vision du rôle de la musique, et de son engagement politique. Le pitch : Sun Ra, perdu dans l'espace pendant quelque années, découvre une planète qui lui semble adéquate pour que le peuple noir américain s'y installe. Il y sera téléporté grâce à la musique. Un fois revenu sur Terre, pour parvenir à ses fins, Sun Ra doit venir à bout de 'l'Overseer", un homme noir tout puissant qui souhaite maintenir la communauté afro américaine dans le système capitaliste. Ils s'affrontent donc en jouant aux cartes, chacun voyageant dans le temps et dans l'espace. Différents personnages interagissent avec Sun Ra et L'Overseer, ce qui permet de mettre sur la table plusieurs questionnements, notamment sur le temps, le travail, l'oisiveté, l'instrumentalisation des artistes, le rôle de la science dans l'émancipation (On sait maintenant que Sun Ra était très -trop- optimiste la dessus…). Bon sinon pour le féminisme on repassera!